La vie des chevaux de vénerie
Traités sans ménagement et non adaptés à la chasse à courre
Les chevaux utilisés sont souvent d’anciens trotteurs réformés fournis aux équipages par l’intermédiaire de marchands de chevaux (entraîneurs, éleveurs, clubs) pour qui la vente ou la location représente une “valorisation”.
Acheté, le cheval est remplacé s’il ne convient pas ou s’il “s’use” prématurément.
Loué, il a une existence encore plus difficile car il change continuellement de cavaliers pas toujours soucieux de son bien-être.
Or, la chasse demande de grandes capacités d’endurance auxquelles ces chevaux ne sont pas ou plus préparés. Ils restent au pré ou au box et ne bénéficient pas d’une bonne détente (échauffement) avant l’action de chasse. Leur rythme cardiaque est trop souvent sollicité à froid et comme les chiens ils peuvent être victimes d’arrêts cardiaques, de crises d’épilepsie ou d’AVC durant la chasse.
En témoigne ce cheval de dix-huit ans loué par un bouton de l’équipage, qui avait porté durant plus de deux heures et demi son cavalier bien charpenté, avant de s’écrouler en poussant un long râle déchirant. Plus soucieux de photographier les militants du collectif AVA Rambouillet que de la santé du cheval, le veneur ne manifestera aucune émotion à la mort de celui-ci.
Le rythme saccadé et la durée d’une chasse à courre est trop éprouvante pour un cheval, comme pour tout autre animal d’ailleurs. A supposer que les chevaux aient bénéficié d’une bonne détente en amont de la chasse, ils restent parfois à l’arrêt ou au pas avant de repartir au galop, à l’assaut d’un animal.
Un autre domaine de maltraitance résulte de la mauvaise monte de trop nombreux cavaliers qui utilisent mors, éperons et enrênements tels que des brides (harnais avec deux mors) comme des freins de secours faute de savoir maîtriser leur cheval en douceur.
Ils sont traités sans ménagement avec l’utilisation de mors durs (type Pelham, Pessoa, Releveur,…), généralement munis de gourmettes.
Ces mors blessent la langue et la commissure des lèvres. Lorsque que le cavalier tire trop fort le cheval souffre, le mors appuyant sur des parties très sensibles comme les barres (muqueuse qui repose sur l’os de la mandibule) et le nerf mandibulaire.
Cela est d’autant plus douloureux lorsqu’une gourmette mal réglée est utilisée, provoquant une compression.
Les enrênements (brides, martingales à anneaux ou fixes) sont utilisés pour forcer le cheval à abaisser la nuque, lui demander un placement précis, dans le cadre d’un concours de dressage par exemple. Ils ont une action sévère et sont réservés à des cadres particuliers et avec parcimonie. Ils ne sont pas justifiés ni adaptés au contexte de la chasse à courre.
En outre, la martingale fixe, enrênement à action très dur et même dangereuse, a pour effet de forcer le cheval à abaisser la tête et de l’empêcher de la secouer au risque de se faire très mal ! D’autant plus lorsqu’elle est couplée à un mors dur.
Lors d’une chasse à courre, le cheval peut être amené à avoir peur d’un chien qui surgit ou de tout autre évènement environnant. Sa réaction naturelle sera de lever la tête. On imagine vite sa “surprise” face à la douleur éprouvée au niveau de la mâchoire et/ou des cervicales.
Les éperons doivent être utilisés par effleurement pour ne pas blesser le cheval ou l’insensibiliser dans le temps ; ce qui a pour effet pernicieux, c’est valable aussi pour le mors, de forcer le cavalier à tirer ou donner des coups d’éperons toujours plus fort. Évidemment dans le contexte d’une “course poursuite” en forêt l’effleurement est compromis…
Tous ces outils doivent impérativement être utilisés d’une main légère pour ne pas faire souffrir le cheval et ne sont pas adaptés au contexte de la chasse à courre.
Cependant ils le sont pour palier au mauvais niveau d’un cavalier.
Ils permettent également de soigner la tenue du veneur, en tant qu’accessoires de mode.
Tout comme la dague et le fouet, ils font parties des parements tels que boutons, poches, cols, galons, épingles, gants et bas blancs, capes (bombes d’équitation non homologuées), etc. pour répondre aux codes vestimentaires de la noblesse définies par Louis XIV au XVIIe siècle.
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