La traque de l’animal

la traque, une reproduction des lois de la nature ?

Pour les veneurs la traque répond à des lois naturelles qui régissent la prédation du monde sauvage et les rapports entre les différentes espèces. Ainsi, ils disent laisser les chiens courants chasser en meute et prétendent n’intervenir que pour encadrer leur « travail ». Il s’agit selon eux d’un combat équilibré entre la meute et l’animal qu’ils désignent par le doux vocable « laisser-courre ».

Départ de chasse - © AVA

Or, un chien n’est pas un animal sauvage, il n’appartient nullement à l’écosystème forestier et une meute d’une soixantaine de chiens n’est en aucun cas la reproduction d’une prédation naturelle que serait une meute de loups attaquant un autre animal sauvage pour se nourrir et survivre dans les milieux naturels.

Les chiens issus d’élevages sont sélectionnés, reproduits, élevés, récompensés, dans le seul but de traquer, afin de satisfaire le penchant morbide des veneurs, et leur obsession de la mort.

« Chasse à courre, à cor et à cri ». Cette appellation utilisée dans le code de l’environnement signifie que les veneurs sonnent la trompe pour stimuler les chiens (qui eux « crient ») à traquer l’animal sauvage. Ce véritable vacarme perturbe la quiétude de la forêt, provoque un stress traumatisant pour toute la faune et n’a évidemment rien de naturel.

Suiveurs à pieds et à vélos pour renseigner les veneurs ou piéger l'animal.
Chiens véhiculés durant la traque pour remplacer les plus fatigués de la meute. - © AVA

Les chiens sont véhiculés pendant la chasse et une rotation s’opère pour laisser se reposer les plus fatigués avant de les relancer en tête de chasse. Cette pratique est institutionnalisée par l’article 2 de l’arrêté du 18 mars 1982 relatif à l’exercice de la vénerie qui tolère que six chiens maximum puissent être transportés dans un véhicule pendant la chasse. Dans les faits, cette pratique est largement généralisée et n’est pas équitable pour les animaux traqués qui eux n’ont pas de répit. (Lire Le suicide du chevreuil)

L’article 7 de ce même arrêté stipule qu’un animal traqué « se trouvant à proximité d’habitations, de jardins privés y attenant, de zones commerciales ou artisanales et de bureaux et d’établissements accueillant du public, soit gracié ».
Les faits nous ont malheureusement montré que cette règle n’était pas respectée.

Les suiveurs, censés n’être que spectateurs, sont en réalité impliqués activement dans l’action de chasse. Postés en périphéries des parcelles de forêt, ils renseignent les veneurs sur la présence d’un animal, entravent sa fuite par tous les moyens y compris leur véhicule, et n’hésitent pas à l’acculer vers des enceintes privées et grillagées où il n’aura plus aucune possibilité de fuir.

Cerf traqué par une meute de chiens dans l'Oise - © Le Parisien

Après de nombreuses heures de traque (jusqu’à 7 heures), les animaux épuisés, blessés et victimes d’un stress intense ont peu de chance de survie. L’animal fait parfois une dernière tentative de fuite, c’est l’hallali courant. Il peut aussi tenter une dernière esquive en se réfugiant dans une étendue d’eau. Il y sera alors poursuivi par les chiens et les veneurs en barque, prévue à cet effet, et traqué sur l’eau. C’est l’hallali dans l’eau : entouré et mordu par la meute, l’animal est achevé par le piqueux à l’arme blanche ou par noyade en le maintenant sous l’eau. Dans ce cas, le piqueux l’attrape par les bois et maintient sa tête sous l’eau. Il s’agit d’une des morts les plus terribles.
S’il est trop loin et que les veneurs craignent de rentrer bredouille, ils le tirent au fusil (vidéo ci-dessous). Bien que cette pratique ne relève pas de la chasse à courre, elle est fréquemment pratiquée. En effet, le piqueux étant salarié et recevant une prime en fonction de l’importance de l’animal abattu, il a tout intérêt à l’achever… plutôt que le « gracier ». Car selon le code de vénerie, si l’animal est meilleur que la meute, les veneurs sont censés lui épargner la mort en le « graciant »… en toute modestie !

S’il l’animal est trop épuisé, il s’arrête, cerné par la meute : c’est l’hallali debout. Ou il s’écroule littéralement au sol : c’est l’hallali à terre.

Parfois, il se noie d’épuisement. Comme ce cerf, ci-dessous, trop éreinté par les longues heures de traque qui se noie sous les yeux du collectif Les Amis des Bois qui a pu filmer cette scène terrible. (Visionner la vidéo sur leur page Facebook)

D’autres fois, la traque se fini en ville, dans les jardins ou habitations privées comme en témoigne ce cerf traqué jusque dans la maison d’habitants du Tarn et abattu dans leur cuisine. Un autre tué alors qu’il s’était réfugié dans un jardin à Lacroix-Saint-Ouen (Oise). Ou celui-ci qui trouve refuge sur un chantier de Compiègne dans l’Oise. On se souvient également du cerf poursuivi jusque dans une gare SNCF.

Les exemples attestant de l’acharnement des veneurs et de leur instinct prédateur incontrôlé sont malheureusement nombreux.

Dans le Tarn, ce cerf a fracassé la baie vitrée de la salle à manger, avant d'être abattu dans la cuisine, devant les habitants sous le choc - © lejdd
Cerf abattu sur une propriété privée à Lacroix-Saint-Ouen (Oise) © Anymal / Facebook

Lors de la traque, l’état de panique de l’animal chassé est tel qu’il lui arrive fréquemment de percuter des obstacles (arbres, grillages, murs, voitures) pouvant le blesser voire le tuer.
De nombreux animaux sont ainsi perdus par les chiens et les veneurs, et meurent d’une longue agonie de leurs blessures ou d’épuisement.
(Lire notre page Le triste sort d’un chevreuil laissé pour mort)

La chasse commence le 15 septembre, en pleine période de brame. Le brame (le cri du cerf) marque la période des amours qui dure deux à trois semaines, de mi-septembre à début octobre. Il sert à séduire les femelles, à dissuader les autres mâles de s’approcher de son harem ou au contraire à affronter un concurrent. Les cerfs, qui d’habitude privilégient les zones de quiétude, sortent de leur territoire vers des zones dégagées pour se battre. Durant cette période ils sont fatigués, perturbés et perdent 20% de leur poids. Une aubaine pour les veneurs et l’occasion d’obtenir leurs plus beaux trophées.

Alors, la traque, une reproduction des Lois de la nature ?

L'apparente dignité des veneurs - Photo d'un promeneur
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