L’hypocrisie de la Saint-Hubert
Aujourd’hui, la voix alarmée de la création nous exhorte à retourner à une juste place dans l’ordre naturel, à nous rappeler que nous sommes une partie, et non pas les patrons, du réseau interconnecté de la vie.
Le Pape François
La fête de la Saint-Hubert se déroule tous les ans début novembre : rassemblements, parades des cavaliers en ville, trompes de chasse, messes en l’honneur des chiens et des équipages avant l’ouverture de la chasse, puis le départ pour respecter la nature le massacre. Car lors de ce week-end, il ne s’agit pas de rentrer bredouille…
Cette messe ne semble pourtant pas faire l’unanimité du côté des prêtres. Si tous la célèbrent, certains disent « adapter » leur discours, comme le curé de la paroisse de Fontainebleau qui explique au Parisien « J’adapte les textes. Le message est axé sur l’écologie, le sens du développement durable, avec l’idée que les chasseurs participent à l’équilibre de la nature »
Tandis que d’autres refusent de bénir les chiens, à l’image de ce prêtre sarthois.
Il faut dire qu’avec le message du Pape François lors de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création le 1er septembre 2020, la justification de cette messe n’est pas simple : « Aujourd’hui, la voix alarmée de la création nous exhorte à retourner à une juste place dans l’ordre naturel, à nous rappeler que nous sommes une partie, et non pas les patrons, du réseau interconnecté de la vie. »
Pour qui connaît la légende, l’interprétation qu’en font les chasseurs et leur l’hypocrisie sautent aux yeux ! Quelques petits arrangements sont en effet nécessaires pour faire des chasseurs des respectueux de la nature et d’Hubert de Liège, le repenti et opposant à la chasse, le saint patron des chasseurs ! Ce pauvre Hubert doit se retourner dans sa tombe ! Puisqu’Hubert est devenu Saint pour avoir arrêté de chasser, justement.
Voici la légende du saint patron des chasseurs :
Le Seigneur Hubert, né en Aquitaine vers 660 dans une famille aristocratique, est un adepte de la chasse au point qu’il en oublie ses devoirs premiers. Menant une vie mondaine, il se soucie peu de la religion. Plus il chasse, plus il s’éloigne de Dieu. Un Vendredi saint, au lieu de se rendre à la messe, il ne peut résister à une envie incontrôlable d’aller chasser. N’ayant trouvé personne pour l’accompagner, il part s’adonner à sa passion favorite.
À cette occasion, il se trouva face à un cerf extraordinaire. Ce dernier portait un crucifix lumineux au milieu de ses bois.
La voix du cerf gronda alors :
« Hubert ! Hubert ! Jusqu’à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts ? Jusqu’à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton âme ? ».
Hubert, saisi d’effroi, se jeta à terre et interrogea la vision :
« Seigneur ! Que faut-il que je fasse ? ».
La voix reprit :
« Va donc auprès de Lambert, mon évêque, à Maastricht. Convertis-toi. Fais pénitence de tes pêchés, ainsi qu’il te sera enseigné. Voilà ce à quoi tu dois te résoudre pour n’être point damné dans l’éternité. Je te fais confiance, afin que mon Église, en ces régions sauvages, soit par toi grandement fortifiée. »
Et Hubert répondit, avec force et enthousiasme :
« Merci, ô Seigneur. Vous avez ma promesse. Je ferai pénitence, puisque vous le voulez. Je saurai en toutes choses me montrer digne de vous ! »
Le cerf aurait converti Hubert et l’aurait poussé à devenir évêque de Tongres et de Maastricht en tant que successeur de Saint Lambert, à la mort de celui-ci.